Alors que la révolution numérique bat son plein, toute formation en traduction est confrontée à la question des outils informatiques d'aide à la traduction. Ceux-ci sont en effet légion et incluent logiciels de TAO à mémoires de traduction, outils de traduction automatique, outils terminologiques, outils de corpus, outils de localisation, outils de contrôle qualité, sans oublier dictionnaires et glossaires en ligne. Les outils disponibles sont aujourd'hui tellement nombreux qu'il est devenu impossible de tous les aborder avec les étudiants en formation. Des choix s'imposent donc, qui se fondent généralement sur différents critères : utilisation sur le marché, prix des licences, existence de partenariats académiques, disponibilité des formateurs...
De nombreuses enquêtes de terrain permettent de savoir quels outils sont réellement utilisés sur le marché de la traduction (p. ex. : rapports LIND, TAUS, DGLFLF, SFT). Des réflexions sont également menées sur la façon d'intégrer leur enseignement : Bowker (2014) ; Kenny & Doherty (2017) ou Massey & Ehrensberger-Dow (2017) pour la traduction automatique ; Beeby et al. (2009) ou Loock (2018) pour les corpus. Si leur maîtrise doit incontestablement faire partie des compétences des futurs traducteurs (cf. réseau European Master's in Translation de la Commission européenne, qui fait de « Technologies » l'un des 5 grands domaines de compétence à acquérir au cours d'une formation en traduction), c'est une formation à la traduction en utilisant ces outils, au-delà d'une formation à leur (simple) maîtrise, qui s'impose.
En revanche, peu d'études se penchent sur la perception des étudiants eux-mêmes, en cours de formation ou diplômés. Suivant une approche proposée par Perraud (2018), nous détaillons ici les résultats d'une analyse multicritère (Accessibilité, Ergonomie/Convivialité, Qualité, Productivité, Formation, Utilité) d'outils génériques (ex. : les logiciels de TAO à mémoires de traduction) et spécifiques (ex. : SDL Studio, memoQ), à partir d'une étude menée auprès d'étudiants en formation et diplômés de la formation de master "Traduction Spécialisée Multilingue" de l'Université de Lille.
Bibliographie
Bowker, Lynne. 2015. Computer-Aided Translation : Translator Training. In Chan, Sin-Wai (ed.), Routledge Encyclopedia of Translation Technology. New York: Routledge, pp. 88-104
Loock, Rudy. 2018. Les traducteurs sont-ils des linguistes comme les autres ? L'intégration des outils de corpus dans la formation des futurs traducteurs, Myriades 4 : 18-34.
Perraud, Sylvain. 2018. Implementing a data-driven learning methodology in academic writing courses for science & technology doctoral students: feedback, results, and perspectives. Communication lors du colloque TALC 2018, Cambridge, Royaume-Uni, juillet 2018.
Zaretskaya, Anna, Corpas Pastor, Gloria, et Seghiri, Míriam. 2018. User Perspective on Translation Tools: Findings of a User Survey. In Corpas Pastor, Gloria et Durán-Muñoz, Isabel (eds), Trends in E-Tools and Resources for Translators and Interpreters. Leiden/Boston: Brill Rodopi, pp. 37-56.
Note biographique
Rudy Loock est Professeur des Universités au sein de l'UFR des Langues Etrangères Appliquées de l'Université de Lille, où il est responsable du programme de master « Traduction Spécialisée Multilingue ». Il est par ailleurs affilé à l'UMR « Savoirs, Textes, Langage » du CNRS. Ses recherches portent sur la traductologie de corpus, notamment sur l'utilisation des corpus comme outils d'aide à la traduction et comme outils de recherche en traductologie, l'enseignement de la traduction ainsi que sur la qualité des textes traduits. Il a publié en 2016 La Traductologie de corpus aux Presses Universitaires du Septentrion. Depuis le printemps 2018, il est le président de l'Association française de formations universitaires aux métiers de la traduction (AFFUMT).