L'apprenant en langues et dans les métiers de la traduction : source d'interrogations et de perspectives

Pour accompagner l'innovation pédagogique au supérieur et en faire un facteur concomitant à la Vision stratégique 2015-2030 pour l'éducation en relevant les défis de la modernité et de l'altérité, l'intégration des TICE dans l'enseignement/apprentissage des langues à l'Université marocaine bousculent les pratiques pédagogiques classiques de type transmissif et incitent à repenser le présentiel/distanciel en termes d'opportunités dans une pédagogie inversée. Ce renversement pédagogique aura comme conséquence : mettre l'apprenant au centre et la technologie à son service.

Partant du principe « c'est en faisant que l'on apprend » propre à la pédagogie active et sachant que les cours de langue sont traditionnellement marginalisés par les étudiants de filières scientifiques et techniques, nous allons nous interroger sur « comment scénariser des activités et interactivités d'enseignement/apprentissage à la fois en présence et à distance (ressources, guidance, accompagnement) afin de motiver les étudiants et les réinvestir dans leur apprentissage et leur projet de formation ?

En optant pour l'approche de la classe inversée, nous souhaitons nous diriger, sans négliger la transmission des savoirs, vers une formation davantage centrée sur l'apprenant, ses connaissances et ses compétences afin qu'il passe d'une attitude de "consommateur" à celle de "constructeur de connaissances" et pour l'enseignant du "producteur" à l' "accompagnateur" dans les opérations de construction et d'évaluation du savoir. Des besoins d'ordre organisationnel (gérer l'encombrement des structures physiques), d'ordre didactique (questionnement des pratiques), d'ordre cognitif (systématisation de la langue véhiculaire en cours de spécialités), d'ordre pédagogique (construction des savoirs en macro- et micro-tâches), d'ordre psychologique (intérêt et motivation des étudiants) sont à prendre en considération. De ce fait, l'alternance présentiel/distanciel, préconisée en 2018, nous a conduit à mettre en œuvre un cours hybride supporté par une plateforme technologique suivant des approches, des parcours, des supports-outils, des modalités pour développer aussi bien la compétence linguistique cible que les projets personnels des étudiants.

Bibliographie

Bonamy, J., Charlier, B. & Saunders, M. (2003). Apprivoiser l'innovation. In Charlier, B., & Peraya, D. (éd). Technologie et innovation en pédagogie. Dispositifs innovants de formation pour l'enseignement supérieur, Bruxelles, De Boeck.

Charlier, B., Deschryver, N. & Peraya, D. (2006). Apprendre en présence et à distance. Une définition des dispositifs hybrides. Distances et Savoirs.

Dumen, A., Berthiaume, D. (sous la direction de) (2016). La pédagogie inversée. Enseigner autrement dans le supérieur avec la classe inversée. Bruxelles, De Boeck.

Lameul, G. (éd) (2014). La pédagogie universitaire à l'heure du numérique. Bruxelles, De Boeck.

Lebrun, M., Théories et méthodes pédagogiques pour enseigner et apprendre : Quelle place pour les TIC dans l'éducation ?, Bruxelles, De Boeck, 2007.

Note biographique

Actuellement enseignante du module langue (française) et communication à l'Ecole Nationale Supérieure d'Arts et Métiers (Université Hassan II-Casablanca), membre permanent du laboratoire « langues, littératures et communication », mes principaux domaines de recherche sont les sciences du langage, les sciences de l'éducation et la communication. Je suis en cours d'expérimentation de la classe inversée au profit de certains groupes d'élèves-ingénieurs dans l'objectif de la généraliser dans l'enseignement/apprentissage du français à l'ENSAM.