Apprendre par la traduction avant d'apprendre la traduction professionnelle, les différentes étapes d'apprentissage par et pour la traduction
Sarah Labat-Jacqmin  1@  
1 : Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés  (LIRCES)  -  Site web
Université Nice Sophia Antipolis, Université Côte d'Azur (UCA)
UFR LASH, université de Nice Sophia 98 bd Herriot, BP 209, 06204 Nice cedex -  France

Les étudiants en langues qui achèvent un master préparant aux métiers de la traduction ont vécu tout au long de leurs études des expériences de traduction de types très divers que nous voudrions décrire ici, en montrant comment chaque nouvelle étape est une déconstruction des compétences acquises précédemment, qui permet progressivement à l'apprenant de comprendre tout d'abord quel est l'objet qu'il va apprendre à maîtriser - la langue étudiée -, puis d'appréhender cet objet en opposition par rapport à un autre objet qu'il pense connaître, à savoir sa langue maternelle. Nous verrons que c'est alors seulement qu'il apprend à mieux connaître, analyser et dominer cette langue maternelle avant d'avancer d'un cran dans la compréhension sous différents plans de la langue étrangère et de la langue maternelle.

Tels sont les objectifs des exercices de traduction universitaire mis en place dans les formations en langues étrangère de licence. Or, ces exercices universitaires se trouvent brusquement remis en cause lorsque, dans le cadre d'une formation professionnalisante aux métiers de la traduction, l'université elle-même fixe des objectifs différents et exige l'utilisation d'outils interdits jusqu'alors pour développer des compétences qui portent toujours le nom de « traduction », mais dont les critères d'évaluation sont souvent opposés. L'apprenant, mais parfois aussi l'enseignant, peut alors se sentir à nouveau déstabilisé puisque les règles et les objectifs changent. Les remises en cause qui sont les plus marquantes sont l'exigence d'employer une langue simple, non ambiguë et d'éviter l'emploi de synonymes, mais bien sûr aussi le recours aux outils logiciels d'aide à la traduction qui permettent de gagner en productivité, mais surtout en cohérence.

Si cette nouvelle déconstruction à visée professionnelle est la dernière étape dans le cadre de ces formations, elle n'en remet pas pour autant en cause toutes les étapes précédentes qui ont facilité l'apprentissage des langues.

Bibliographie

DE CARLO, Maddalena, « Quoi traduire ? Comment traduire ? Pourquoi traduire ? », in Études de linguistique appliquée, 2006/1 (n°141), pp . 117-128.

GOUADEC, Daniel, « Modélisation du processus d'exécution de traductions », Meta, 50(2), pp. 643-655.

ISRAËL, Fortunato, « Principes pour une pédagogie raisonnée de la traduction – le modèle interprétatif », in Israël F. et Lederer M., La Théorie Interprétative de la Traduction, III. De la formation... à la pratique professionnelle, Cahiers Champollion n° 8, Minard, 2005, pp. 61-73.

ISRAËL, Fortunato, « Une théorie en mouvement, bilan (provisoire) des acquis de la Théorie Interprétative de la Traduction », in Israël F. et Lederer M., La Théorie Interprétative de la Traduction, I. Genèse et développement, Cahiers Champollion n° 6, Minard, 2005, pp. 67-83.

TARDIF, Jacques, Pour un enseignement stratégique : l'apport de la psychologie cognitive, Montréal, les Éditions Logiques, 1992.

Note biographique

Sarah Labat-Jacmin est Maîtresse de Conférences à l'Université de Nice, Membre d'Université Côte d'Azur. Docteure en Traitement Automatique des Langues et membre du LIRCES, ses travaux ont porté sur la Traduction Automatique, l'analyse automatique de documents textuels et la détection automatique d'erreurs d'étudiants en langue. Elle est responsable du Master LEA Traduction et Rédaction d'Entreprise de l'Université de Nice qui forme des traducteurs, des chefs de projets et des rédacteurs techniques. Elle elle y assure en particulier des cours d'introduction aux outils du traducteur et à html.



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