L'apprenant face à l'invariant : quels modèles pour enseigner l'alternance du génitif en anglais langue seconde ?
Caroline Rossi  1@  , Evelyne Chabert  2, *@  
1 : Université Grenoble Alpes  (UGA)  -  Site web
ILCEA4 : EA7356
CS 40700 - 38058 Grenoble cedex -  France
2 : LIDILEM
Université Grenoble Alpes
* : Auteur correspondant

D'abord définie comme une étape développementale intermédiaire dans l'acquisition de la langue seconde (c'est le sens de l'« interlanguage » de Selinker (1972)) l'interlangue a ensuite été assimilée, dans certains travaux au moins, à une “grammaire intériorisée” (Besse et Porquier 1991 : 216, in Galligani 2003). Nous nous intéressons ici au rôle des connaissances explicites dans la structuration de cette grammaire de l'apprenant, et nous interrogeons l'apport spécifique de ce que les linguistiques énonciatives appellent l'invariant : « une propriété abstraite, à caractère général, qui doit, si le modèle est juste, se retrouver de manière invariante dans chaque occurrence [...] en discours ». (Chabert 2011 : §5).

Nous considérons l'alternance du génitif en anglais et cherchons à évaluer l'apport de l'invariant adamczewskien de soudure / séparation (Chabert ibid.).à un enseignement dispensé à des étudiants spécialistes de l'anglais et préparant les concours de recrutement d'enseignants du second degré. 

Nous avons mis en place un dispositif expérimental pour évaluer l'application que font ces étudiants de l'invariant adamczewskien, suite à un cours d'une heure qui en présentait les caractéristiques principales. Notre test a consisté à proposer aux étudiants de choisir, dans plusieurs textes à trous où nous avions identifié de bons exemples ou contre-exemples de la théorie, la forme la plus appropriée, et de justifier ce choix. Le même test a également été proposé à un petit groupe d'anglophones. Les résultats montrent que l'invariant n'a de valeur prédictive dans aucun des deux groupes. D'autre part, les réponses des anglophones ne manifestent un choix tranché que dans les cas où des contraintes syntaxiques ou d'usage contraignent fortement l'alternance. Dans tous les autres cas, il s'agit bien pour les natifs comme pour les étudiants, de reconstruire un choix énonciatif sur la base d'indices contextuels, et tous ne l'ont pas fait de la même façon.

Bibliographie

BESSE, H., PORQUIER, R. (1991) : Grammaire et didactique des langues. Paris, Hatier, coll. LAL.
CHABERT, E. (2011) : « Le génitif anglais et la métaphore adamczewskienne de soudure », Anglophonia/Sigma, 15 (30), 209-224.
GALLIGANI, S. (2003) : « Réflexion autour du concept d'interlangue pour décrire des variétés non natives avancées en français », Linx, 49, 141-152.
SELINKER, L. (1972) : «Interlanguage », International Review of Applied Linguistics X-3, 209-231.

Notes biographiques

Caroline Rossi et Evelyne Chabert sont anglicistes et maîtresses de conférences à l'Université Grenoble Alpes. Les travaux de Caroline Rossi se situent dans le champ de la psycholinguistique cognitive. Ils portent sur l'acquisition des langues maternelles et secondes, mais aussi sur les conséquences des développements actuels de la traduction automatique. Les travaux d'Evelyne Chabert concernent notamment l'alternance du génitif en anglais contemporain. Elle s'intéresse également à l'anglais oral, qu'elle enseigne depuis de nombreuses années, et vient de publier un ouvrage intitulé Bien prononcer l'anglais.



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