Nous proposons dans cette contribution une réflexion sur la dimension affective qui conditionne l'apprentissage de la prononciation des étudiants francophones d'espagnol et d'anglais dans la filière Langues Etrangères Appliquées. L'enseignement de la prononciation est essentiellement abordé à travers une approche intellectuelle « alors que sa perception et son apprentissage naturels sont induits par une perception auditive et affective » (Briet, 2014, p. 25). De ce fait, nous nous plaçons du point de vue de l'apprenant pour définir l'image qu'il a de sa prononciation ainsi que ses croyances et stéréotypes. Nous nous posons les questions suivantes :
Quelle perception ont ces apprenants francophones de leur propre prononciation ? Change-t-elle en fonction de la langue qu'ils étudient (espagnol ou anglais) ?
Quelle importance accordent-ils à l'apprentissage de la prononciation par rapport à d'autres compétences ou dimensions de la langue (grammaire, lexique, compréhension et expression orale et écrite) ? Est-elle la même en fonction de la langue étudiée ?
Quelle importance donnent-ils à la prononciation dans le cadre de leur formation universitaire et en vue de leur futur professionnel ?
Pour y répondre, nous avons mis en place un questionnaire adapté (Balteiro, 2009; Verdía, 2010) auprès de deux groupes d'étudiants de LEA de l'Université Rennes 2. Nous avons réalisé une classification et une analyse qualitative des réponses obtenues afin de caractériser l'image que les apprenants ont de leur propre prononciation en langue étrangère. Les résultats montrent une vue d'ensemble des priorités et des facteurs auxquels ils attribuent leurs difficultés et réussites. De même, ils offrent des pistes de réflexion sur les besoins des apprenants et sur les objectifs à prioriser dans le cadre d'une formation en LEA.
Bibliographie
Balteiro, I. (2009). «La importancia de la pronunciación en la formación de futuros traductores e intérpretes: análisis de problemas y necesidades». In: C. Gómez Lucas & S. Grau Company (Eds.), Propuestas de diseño, desarrollo e innovaciones curriculares y metodológicas en el EEES. Alcoy: Marfil. p. 275–288
Briet, G. (2014). « Développer l'ego phonétique par une didactique de l'émotionnel ». Le Langage et l'homme, 49(1), p. 25–35.
Verdía, E. (2010). «Variables afectivas que condicionan el aprendizaje de la pronunciación: reflexión y propuestas». MarcoELE, 10, p. 223–242.
Williams, M., & Burden, R. L. (1997). Psychology for language teachers: a social constructivist approach. Cambridge University Press.
Notes biographiques
Margarita Muñoz García est maître de conférences en espagnol à l'Université Rennes 2 dans le département de LEA. Elle mène des recherches en phonétique expérimentale sur l'acquisition et l'apprentissage de la prononciation en langues étrangères et s'intéresse plus particulièrement à l'étude de la prosodie des apprenants francophones de l'espagnol.
Leonardo Contreras Roa est enseignant d'anglais et linguiste, actuellement doctorant au sein du laboratoire LIDILE (EA 3874). Sa recherche doctorale, sous la direction de Marie-Claude Le Bot, porte sur l'interlangue prosodique des apprenants d'anglais francophones et hispanophones, le transfert prosodique de la L1 et les méthodes de représentation de l'intonation au service de l'enseignement de l'anglais oral.
- Poster